20. juin 2023

Commentaire sur la votation de dimanche : Le tournant énergétique crée une base solide pour une Suisse respectueuse du climat

Le conseiller fédéral Albert Rösti le dit bien: la politique climatique est toujours aussi une politique énergétique. Avec le oui clair à la loi sur le climat, les conditions-cadres sont définies pour réussir la décarbonisation d'ici 2050. Cela implique une mise en œuvre conséquente du tournant énergétique et donc un développement accéléré des énergies renouvelables.

L’acte modificateur unique, actuellement en cours d’élimination des divergences au Parlement, en fournit la base. L’acte modificateur unique comprend la révision de la loi sur l’énergie et de la loi sur l’approvisionnement en électricité. Le débat se déroule de manière satisfaisante. Seuls quelques points doivent encore être corrigés. Le projet devrait être finalisé d’ici la fin de la session d’automne.

Seules les centrales électriques renouvelables fournissent du courant neuf.
Dans l’acte modificateur unique, le Parlement a d’ores et déjà posé des jalons im-portants: il s’agit notamment d’objectifs de développement ambitieux, de procédures d’autorisation facilitées, d’un cadre de financement fiable, d’étapes de libéralisation importantes dans les domaines du stockage de l’énergie et de la disponibilité des données ainsi que de la possibilité de créer des communautés locales d’électricité. Toutes ces décisions ont en commun la volonté claire de développer rapidement les capacités des centrales électriques renouvelables et d’assurer la transformation de notre système énergétique en direction d’une mise à disposition décentralisée de l’énergie et d’une mise en réseau intelligente de la production, du stockage, de la distribution et de la consommation. C’est ainsi que nous obtiendrons la quantité d’électricité dont nous avons besoin pour mettre en œuvre avec succès la loi sur le climat.

Les récents développements dans le domaine du photovoltaïque, par exemple, montrent que nous y parviendrons. L’année dernière, une puissance d’un gigawatt a été installée pour la première fois, ce qui correspond à une quantité d’énergie d’environ 1 TWh. Cette année, ce chiffre va augmenter. Avec l’offensive solaire et éolienne prévue ainsi que les projets hydroélectriques de la table ronde, nous pourrons réaliser en quelques années plus de 2 gigawatts de nouvelles installations et atteindre ainsi comme prévu les objectifs d’extension fixés.

L’innovation prend un essor énorme
A cela s’ajoutent les développements technologiques, notamment dans le domaine du stockage de l’énergie, qui permettront de combler les déficits supposés d’une production d’énergie décentralisée et volatile. Poussée par l’industrie automobile, l’électrification de la mobilité ne peut plus être stoppée. D’énormes capacités de stockage se profilent donc à l’horizon pour la Suisse, qui, intelligemment mises en réseau, dépasseront dans un avenir proche la puissance de nos centrales de pompageturbinage.

Pas besoin de nouvelles centrales nucléaires
La loi sur le climat mise sur une électrification accrue. Le tournant énergétique fournit les quantités d’électricité nécessaires à la réussite de cette transition. L’appel à de nouvelles centrales nucléaires que certains acteurs font maintenant entendre est inutile et détourne l’attention. Le nouveau système énergétique qui verra le jour avec la transition énergétique n’a plus besoin de telles installations. Non seulement elles n’ont pas l’acceptation nécessaire au sein de la population. Il n’y a pas non plus d’investisseurs prêts à continuer à investir dans cette technologie à risque. Et même si c’était le cas, les centrales nucléaires ne feront pas partie de la solution, car elles seront disponibles bien trop tard. C’est maintenant que nous avons besoin d’électricité supplémentaire et donc de nouvelles centrales, pas dans 20 ans.

Mesures d’efficacité et loi sur le CO2
La loi sur le climat prépare également un ensemble de mesures visant à promouvoir l’efficacité énergétique. Il s’agit non seulement de remplacer les systèmes de chauffage fossiles inefficaces, mais aussi de prendre des mesures pour optimiser l’enveloppe des bâtiments et ainsi réduire la consommation d’énergie. Le programme doit également permettre de remplacer les chauffages électriques à résistance gourmands en électricité, ce qui permettrait d’économiser environ la moitié de la pénurie d’électricité en hiver. Parallèlement, le Parlement est déjà en train de préparer d’autres mesures de soutien qui seront mises en œuvre par le biais de la loi révisée sur le CO2. Après la décision positive de la loi sur le climat, les étapes de révision prévues peuvent être abordées avec le soutien d’une forte majorité de la population.

Nous ne lâchons pas prise
La décision relative à la loi sur le climat a montré la voie à suivre. La population a confirmé la voie vers un bilan net nul. L’acte modificateur unique pose les bases d’un renforcement de notre sécurité d’approvisionnement. Et avec la loi sur le CO2, les prochaines étapes sont déjà engagées, elles doivent soutenir la population dans son engagement pour une Suisse respectueuse du climat. Nous avons bon espoir que la poussée des 59,1 % nous permettra d’améliorer encore les conditions-cadres pour une Suisse plus durable. En tant qu’aeesuisse, nous sommes conscients que nous devons persévérer. Mais les marathons sont toujours plus faciles à courir lorsque des objectifs intermédiaires sont atteints. La loi sur le climat a été une victoire d’étape, accompagnée d’une forte impulsion pour les prochaines étapes du tournant énergétique.

Stefan Batzli, directeur d’aeesuisse